Notre tour de l’île mérite un peu plus d’explications pour que nos suiveurs qui le souhaitent puissent se plonger dans l’ambiance. Comme pour plagier le film, là-bas c’est le Noooord. Impressionnant !

Nous avons quitté notre gîte de Nouméa (devenu une sorte de repère pour notre tribu après 1 mois sur place) pour gagner le Nord par la côte Est. Les 200ers km en longeant la côte ouest nous offrent une nature aride, des pâturages secs et jaunis. Il est 10h30 et il fait déjà 31C.

A Bourail, on attaque la transversale à travers la chaîne montagneuse qui coupe la Calédonie en 2. Et là, changement de décor.  C’est vert, c’est dense, des bananiers, des fougères arborescentes, des banians, des palmiers, des cocotiers, de l’herbe grasse…. La route est sinueuse, tortueuse. La pause déjeuner (à midi pour les Belges) à l’ombre d’un flamboyant est la bienvenue (sa floraison -rouge- annonce Noël ici).

 On poursuit la route jusque Poindimié, non sans s’arrêter pour une halte mangue et un achat de « letchis » comme ils disent ici (c’est la pleine saison, pour le plus grand plaisir de nos papilles qui en raffolent  ;-)

Nous dormons à Poindimié chez un Z’oreille qui tient quelques bungalows disposés autour d’une grande cuisine commune. C’est dimanche et la fête bat son plein chez le voisin qui fête ses 18 ans et son bac (et apparemment il y a aussi pas mal de bacs là-bas d’ailleurs). 

Le lendemain, départ pour Hienghene, fief de la plupart des tribus et patrie de JM Tjibaou. Ici, et encore plus que dans le reste de la Calédonie, on ne traverse pas des villages, mais des tribus ! 

Chaque tribu a son nom et son grand chef, et regroupe plusieurs clans basés sur la famille. Ils ont accès à toutes les technologies modernes mais choisissent de vivre de façon +- traditionnelle au cœur de la nature luxuriante. On les croise au bord des routes derrière leurs échoppes, se promenant ou palabrant, au marché et « supermarché » (ici 20 m² est un méga !), et toujours avec un sourire aux lèvres et un grand bonjour.      

La température est toujours aussi élevée, l’humidité en plus : on « crolle » de partout! Arrêt photo devant la Poule de Hienghene puis petite balade au pied des Roches de Lindéralique. Surprenantes ces roches découpées au scalpel qui surgissent entre les palmiers.  

Après notre petite baignade quotidienne, nous nous enfonçons dans la jungle, par une piste longeant le fleuve, vers la tribu de Wérap chez qui nous allons dormir. Chez Bernadette. 

La tribu : tout d’abord, il faut faire coutume.  C’est Raph qui doit parler en premier en présentant la famille puis offre un petit cadeau pour remercier de l’accueil.  C’est une manière de créer le lien et de demander la protection du chef de la tribu en quelque sorte. Notre faré (case allongée) se limite à 5 matelas déposés sur des nattes. Notre installation se fait sous la pluie. Autour de nous, la forêt tropicale, dense, luxuriante, pleine de vapeur qui remonte des arbres. On est comme dans les nuages. La douche est à 15m du faré, très proche et très éloignée à la fois : quand enfin on l’atteint sous les gouttes grosses comme des perles, on n’a plus qu’à se savonner ! 

Au menu le soir, salade de papayes, poulet et manioc puis ananas frais en dessert. Délicieux. Ensuite, atelier de tressage avec Rose, la sœur de Bernadette. On file se coucher avec, dehors, une mélodie de chant d’oiseaux et d’insectes. 

Le lendemain, visite des parcelles de la tribu avec Vincent, le frère de Bernadette: manioc, igname, taro et chou kanak poussent entre bananiers et cocotiers. 

Ensuite, c’est reparti pour une longue route vers Poum (plein nord). Les 50ers km sont magiques. On roule dans un tunnel de végétation, sur une route sillonnant entre mer et montagne (chacune se trouvant parfois a à peine 1m du goudron !), ce qui oblige la voirie à des chantiers permanents pour refaire telle ou telle portion. Parfois, l’homme ne lutte même plus. Plutôt qu’une route, on prend un bac, notamment pour passer la Ouaïème, 5’ de traversée, 1 voiture à la fois. On attend son tour.

On repart en longeant le mont Panié, plus haut sommet de Calédonie (1629 m). Cela nous vaut quelques belles cascades. L’une d’entre elles retient notre attention et nous invite à un arrêt rafraîchissant et salvateur.  

On poursuit en enchaînant les passages de radiés : ces portions de chaussée rétrécie servant de passage de rivière où l’on ne circule qu’à une voiture sont étroits et réclament prudence et attention. 

De petits comptoirs en petits comptoirs, où les tribus déposent des fruits que l’on achète parfois juste en déposant ses pièces dans une vieille boîte rouillée, nous progressons lentement. La pause déjeuner se fait attendre. Après avoir passé quelques boîtes aux lettres pittoresques, un miracle se poursuit. Un food-truck. Et surtout des gens. Cerise sur le gâteau, la dame qui tient ce petit snack du bout du monde fait même des frites !! Des Lutosa, excusez du peu. Les 1ères depuis 1 mois, ici en pleine brousse. Quel régal!   

Suite: la prochaine page sur le grand Noooord et le retour par la côte Ouest suivra!